Suite à la loi sur l’égalité des personnes handicapées, les arrêts de bus sont adaptés dans toute la Suisse. Au total, des millions de francs seront dépensés à cette fin, si les fonds suffisent. Cependant, cette « égalité » entrave désormais la fluidité du trafic, car dans le cadre de ces travaux, les aires d’arrêt ont été ou seront supprimées dans de nombreux endroits et les bus s’arrêtent désormais au milieu de la route. On peut soupçonner qu’une initiative initialement bien intentionnée est exploitée pour mettre en œuvre d’autres mesures de harcèlement, vendues sous le terme flatteur de « mesures de modération du trafic ». À cet égard, l’État, ses planificateurs et autres subordonnés font preuve d’une grande ingéniosité et d’une grande volonté de mise en œuvre, ce qui fait plutôt défaut dans d’autres domaines où des mesures s’imposent. De nombreux habitants vivant le long de ces routes et de nombreux automobilistes qui empruntent cet itinéraire pour se rendre au travail se montrent peu enthousiastes face à cette intervention dans la circulation routière. Ils expriment leur mécontentement dans des discussions.
Une pensée à sens unique
Rien que dans mon environnement immédiat, je ne peux plus compter sur les doigts de mes deux mains les exemples où la modération du trafic est poussée à l’extrême. La photo qui illustre l’article montre une ligne de bus qui dessert une zone rurale. Sur un trajet de moins de trois kilomètres, la circulation routière est interrompue à plusieurs reprises et à intervalles rapprochés, pratiquement à chaque arrêt.
À proximité immédiate de mon domicile, je peux citer deux arrêts de bus qui ont été équipés d’un passage souterrain à la demande de la population. Mais que se passe-t-il ? Beaucoup de passagers, lorsqu’ils deviennent piétons, sautent derrière le bus sur la route. Sur une ligne de bus à fréquence élevée et à fort trafic, l’arrêt de bus a également été adapté conformément à la loi sur l’égalité des personnes handicapées. La baie d’arrêt a été supprimée en même temps, ce qui ne peut en aucun cas être dû aux conditions spatiales. Les arrêts se multiplient, les émissions de CO2 augmentent en raison des arrêts fréquents et des accélérations des véhicules motorisés.
Dans ce contexte, je tiens à mentionner que je n’ai observé dans aucun autre pays que des passages piétons peints sur la chaussée à la sortie des ronds-points. Réfléchissez‑y : des êtres humains (des vies humaines) sont utilisés comme mesure de modération du trafic ! Ce qui s’impose ici ne peut être qualifié que de pensée unique : l’idéologie est assimilée à l’intelligence, favorisant ainsi une stupidité sans limites.
Les absurdités relationnelles sont permises quand ce sont les autres qui paient
En ce qui concerne les transports publics, cela a commencé bien plus tôt. À une certaine époque, les exploitants de bus étaient tenus d’installer des élévateurs pour personnes handicapées dans leurs bus. Coût : entre 20 000 et 30 000 francs par bus. L’exploitant d’une ligne de bus publique d’une commune touristique des Grisons m’a un jour fait le calcul suivant : « Nous n’avons utilisé cet élévateur qu’une seule fois en un an. » On peut donc parler d’absurdité proportionnelle.
Il est bien plus économique et tout aussi efficace que les constructeurs de bus aient commencé très tôt à adapter leur conception aux besoins d’une meilleure accessibilité. Les bus peuvent être abaissés du côté de la porte d’accès. Mais cela ne semble pas suffire au législateur et aux milieux intéressés.
L’humanité n’est-elle plus qu’un concept verbal ?
Je me souviens d’une époque où les passagers ne se tenaient pas immobiles à l’arrêt de bus, le téléphone portable collé au visage. Si une personne ayant des difficultés à marcher ou en fauteuil roulant voulait monter dans le bus, il y avait toujours quelqu’un pour lui proposer son aide. La plupart du temps, on recevait en retour un sourire et un « merci » sincères, sans arrière-pensée. Il en allait de même lorsqu’une femme voulait monter avec sa poussette. Il convient ici de noter que notre façon de penser moderne nous a joué un mauvais tour. Quiconque a la malchance d’offrir son aide à une femme dans un état psychologique déplorable pourrait facilement être soupçonné de la draguer ou même risquer d’être accusé de harcèlement sexuel. Il faudrait être capable d’évaluer son interlocuteur, ce qui devient de plus en plus difficile dans la complexité des schémas de pensée dégénérés. Donc « mieux vaut détourner le regard ! », tel est le mécanisme de protection. C’est ainsi que l’on creuse la tombe des échanges humains et de la coopération utile – dans de plus en plus de domaines de la vie !
Dans le même temps, cependant, des termes tels que « empathie » et « humanité » sont utilisés de manière inflationniste. Mais apparemment seulement sous leur forme verbale, dans le but de se présenter sous un jour positif, afin de donner l’image d’une personne consciente et bonne.