Je devais récemment me rendre en Alsace. J’ai décidé de passer une nouvelle fois par le Bözberg. Quelle erreur qui m’a fait perdre beaucoup de temps ! Sur cette route de col entre Brugg et Frick, un peu plus étroite entre Umiken et Effingen, pas moins de quatre chantiers ont ralenti mon trajet à plusieurs reprises. La vague verte est peut-être respectée dans la politique par presque tous les partis, mais on la cherche en vain dans la circulation routière. C’est logique : en politique, elle symbolise la politique d’obstruction, tandis que dans la circulation routière, elle symboliserait la fluidité du trafic – cela se contredit !
La meme image, annee apres annee
En tout cas, à Bözberg comme dans beaucoup d’autres endroits, j’ai pu constater ce que je remarque à chaque fois que je rentre de l’étranger : il ne serait pas nécessaire d’apposer les armoiries nationales sur les postes-frontières. Chaque fois que je suis ralenti par des barrières de chantier, qui arborent tout de même les couleurs nationales, je sais que « je suis de retour en Suisse ! » Tout aussi frappant : bon nombre de ces chantiers routiers sont toujours là lorsque je reprends la même route un an, voire deux ans plus tard. La question se pose inévitablement : « Qu’est-ce qui ne va pas, quel est le calcul derrière tout cela ? »
Il existe une autre solution
Ce que l’on observe régulièrement à l’étranger : partout où le réseau routier est privé et où un péage doit être acquitté, les travaux de revêtement sont menés rapidement. C’est évident, car sans circulation, les recettes diminuent. La situation est tout autre en Suisse, où le modèle de financement du trafic routier garantit des recettes constantes, que la circulation soit fluide, congestionnée ou inexistante. Je préfère néanmoins les routes sans péage. Je serais toutefois favorable à un changement d’attitude fondamentale sur cette question. Les embouteillages et les détours nuisent considérablement à l’environnement. Ils causent également des dommages économiques qu’il ne faut pas sous-estimer. J’ai récemment pu constater sur l’A1, dans le canton d’Argovie, qu’il pouvait en être autrement, même en Suisse. Un nouveau revêtement a été posé sur différents tronçons et, ô surprise, les travaux ont avancé très rapidement. C’est donc possible !
Unir nos forces
Revenons à l’exemple du Bözberg : quatre chantiers, espacés d’un ou deux kilomètres. Sur chaque chantier, on voit peut-être deux ou trois ouvriers occupés à travailler. Pourquoi ne pas réaliser les travaux section par section, en mobilisant les forces de tous les ouvriers employés sur ce tronçon ? Ils avanceraient certainement plus vite. Le trafic ne serait alors bloqué qu’à un seul endroit. Cela permettrait en outre de contrer l’impression que chaque chantier routier, aussi petit soit-il, acquiert en Suisse le statut d’ouvrage du siècle.
Un argument peu convaincant
Ce que l’on observe régulièrement en Suisse : d’un village à l’autre, on tombe sur des chantiers. Des régions entières se retrouvent ainsi paralysées. À l’ère des bases de données, une meilleure coordination devrait être possible dans ce domaine. Mais ceux qui avancent cet argument s’entendent répondre : « Si l’assemblée communale a approuvé un projet, nous devons le mettre en œuvre rapidement, sinon il sera retiré du budget. » Désolé, mais cet argument ne me convainc pas du tout. On pourrait déposer les fonds alloués sur un compte séparé afin de les utiliser lors de la réalisation du projet. Dans un tel cas, on parle également de compte de libre passage. Cela permettrait également d’éviter qu’un revêtement fraîchement posé doive être à nouveau ouvert après peu de temps parce qu’il faut soudainement poser une nouvelle conduite.
Grand respect pour les ouvriers du bâtiment, beaucoup moins pour les concepteurs
Dans ce contexte, je tiens à souligner l’importance du travail des ouvriers du bâtiment. Le fait qu’ils accomplissent leur travail quotidien par tous les temps, actuellement sous une chaleur torride, mérite la plus grande reconnaissance. Le problème décrit ci-dessus concerne exclusivement les hautes sphères politiques et administratives. Un changement de mentalité serait ici tout à fait nécessaire. Après tout, ils sont au service du peuple et gaspillent son argent. Il ne devrait y avoir aucune place pour la mauvaise gestion et les politiques d’entrave!
Il y aurait vraiment assez de commandes !
Si, d’autre part, la gestion des chantiers routiers vise à garantir à long terme le carnet de commandes des entreprises de génie civil, il convient de noter ce qui suit : je souhaite à chaque entreprise un carnet de commandes bien rempli. Mais cela ne doit pas se faire au détriment du report des travaux d’entretien. Car il y aurait vraiment assez de commandes !
Nous savons tous que les infrastructures de transport sont loin de suivre la croissance démographique et du trafic. Les heures d’embouteillage augmentent considérablement d’année en année, comme nous avons pu le constater récemment. Le retard à rattraper est énorme. Et à tous ceux qui s’opposent avec véhémence à l’adaptation des infrastructures de transport aux besoins réels, dont ils sont en grande partie responsables, je voudrais rappeler un exemple : entre Lausanne et Morges, la bande d’arrêt d’urgence a été ouverte il y a des années comme troisième voie en cas de trafic dense. Je me souviens comme si c’était hier comment le conseiller d’État vert du canton de Vaud, alors responsable, a dû admettre lors d’une réunion : « Depuis l’ouverture de cette troisième voie, la pollution atmosphérique s’est nettement améliorée, les heures d’embouteillage ont diminué et la fréquence des accidents a également baissé. »